J’aimerais te parler de la phrase : « Ma mère est partie ».
Cette phrase courte et simple a plus d’un tour dans sa poche !
Notre phrase, cette semaine, a plusieurs sens et selon les contextes, sans précision, elle peut prêter à confusion (bah oui, sinon, ce n’est pas drôle).
Grammaticalement, la phrase « Ma mère est partie » est parfaitement correcte.
C’est le verbe « partir «, conjugué à la 3e personne du singulier au passé composé avec l’auxiliaire « être ». Jusqu’ici tout va bien. Rien à redire sur la syntaxe non plus.
Mais s’il n’y a pas de problème linguistique, cette phrase peut pourtant créer un vrai malaise.
Pourquoi ? Parce qu’en français, dire « Ma mère est partie », sans contexte, peut être compris de deux façons très différentes :
- Elle a quitté un lieu.
- Elle est décédée.
Et c’est là que les choses se compliquent…
➡️ Pourquoi on évite de dire « Ma mère est morte »
En français (et dans bien d’autres langues, j’imagine), on n’aime pas trop parler de la mort de manière directe.
La phrase « Ma mère est morte » est brutale, sèche, presque violente à entendre, surtout si le décès est récent. C’est une claque. Quand on est soi-même en deuil, on n’a pas toujours la force d’utiliser des mots aussi définitifs.
Alors on utilise des détours.
On dit :
- Elle est partie
- Elle nous a quittés
- Elle s’est éteinte
- Elle est montée là-haut
- Elle a tiré sa révérence
Ces formules adoucissent la brutalité du message mais peuvent, si le contexte est flou, créer de la confusion.
Exemple littéraire : « Maman est morte » dans « L’Étranger »
Si tu es amateur de littérature, tu connais peut-être l’ouverture glaçante du roman « L’Étranger » d’Albert Camus :
« Aujourd’hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. »
Cette phrase a fait couler beaucoup d’encre. Dans certaines traductions, elle est même laissée telle quelle, en français, car aucun mot dans une autre langue ne semble transmettre la même neutralité froide, presque indifférente, que cette phrase en français.
Cette scène littéraire montre à quel point la formulation autour de la mort peut choquer, intriguer, ou paraître étrange selon le ton, le moment ou le contexte.
➡️ Alors, comment éviter les malentendus ?
Quand tu utilises une phrase comme « Ma mère est partie », pense à ton interlocuteur.
S’il ne connaît pas le contexte, il pourrait comprendre quelque chose de grave.
Un petit complément peut suffire à clarifier :
- « Ma mère est partie hier après quelques jours à Paris. »
- « Elle est rentrée chez elle hier soir. »
- « Elle a pris son train ce matin. »
Ces quelques mots peuvent éviter un silence gêné, un regard inquiet, ou une question délicate.
Trois autres exemples de confusion possible :
1. « Il nous a quittés »
Sans précision, cela peut vouloir dire « Il est mort ».
Mais si tu dis « Il nous a quittés pour aller vivre à Berlin », tout devient clair.
- « Elle s’est éteinte »
Cette expression est poétique, douce… mais signifie bel et bien le décès.
Dire « Elle s’est éteinte paisiblement dans son sommeil » est une façon d’annoncer la mort avec délicatesse.
3. « Il est monté là-haut ou au ciel »
Très imagée, souvent utilisée par les personnes croyantes.
Mais si tu dis ça devant quelqu’un qui n’a pas le même code culturel ou religieux, il peut ne pas comprendre du tout ce que tu veux dire.
Je te donne rendez-vous dans l’épisode pour plus de détails.